L’eau
C’est l’ingrédient indispensable pour constituer la bouillie de pulvérisation : elle équivaut à une dilution des matières actives par mise en suspension des particules ou par émulsion.
L’eau peut interagir avec les produits phytosanitaires au point de devenir un facteur limitant à la réussite de certaines interventions; les résultats d’efficacité dépendront directement de la qualité de l’eau et de la quantité de l’eau employée.
L’actualité de la maîtrise des doses de produits fait que le sujet fera l’objet de travaux par Arvalis quant à la dureté et le pH de l’eau et leurs impacts sur la stabilité/efficacité des produits.
Les formulateurs admettent ces effets et prétendent que les produits peuvent parfaitement les corriger quelque soient la qualité et les volumes de l’eau utilisée. La preuve du contraire a été apportée officiellement concernant différentes formulations d’acide glyphosate, car à chaque fois l’apport d’adjuvants et/ou la réduction du volume d’eau* ont permis de démontrer le rôle délétère de l’eau.
*Outre l’utilisation d’acidifiants, on peut réduire le volume d’eau de pulvérisation pour diminuer l’impact des minéraux. En passant de 100 l/ha à 50 l/ha, on diminue de moitié les minéraux interférant avec le glyphosate par exemple. La condition, c’est de pouvoir appliquer uniformément la bouillie à un aussi bas volume (voir choix des buses).
La dureté
Elle se caractérise généralement par la quantité d’ions calcium et de magnésium dosée dans l’eau ; des molécules comme le glyphosate ou le mésosulfuron y sont spécialement sensibles car elles se combinent avec les ions calcium. Il faut savoir que plus l’utilisateur tendra à diminuer les doses de produits/ha, plus l’incidence de l’eau sera grande sur l’inhibition par les minéraux et les cations métalliques. Paradoxalement, une eau trop douce va chercher à se recharger en minéraux et aura tendance à devenir corrosive pour les canalisations.
L’alcalinité ou le pH de l’eau:
C’est l’équilibre ou le déséquilibre entre les ions H+ et les OH-
En tant qu’utilisateur, il faut particulièrement se préoccuper du pH de l'eau. A des niveaux de pH élevés (>7), certains pesticides subissent une réaction chimique appelée l'hydrolyse alcaline, processus qui dégrade la substance active et réduit son efficacité. Les pesticides surtout affectés sont les insecticides des familles des organophosphorés et des carbamates ainsi que des herbicides comme les Dicarboxymide. Le taux d'hydrolyse se mesure en termes de sa demi-vie ou DT 50, c.-à-d. le temps qu'il faut pour que la molécule active se dégrade et atteigne la moitié de son niveau d'origine. Plus la demi-vie est courte, plus le pesticide se dégrade rapidement.
Ce facteur va jouer sur la stabilité des molécules dans le pulvérisateur ou autrement dit sur la sécurité de réaliser ses traitements de manière sûre y compris en cas de chantiers éloignés ou interrompus.
Exemples d’hydrolyse :
Rappel : la DT50 correspond à la moitié de la quantité détruite du produit dans la durée indiquée Le pH de l’eau joue également un rôle dans la photo-dégradation (dégradation à la lumière) des molécules sensibles (ou photolyse) : la DT50 (jours) est liée au pH de l’eau L’iprodione en est aussi un exemple Sensible au pH : DT50 67 jours à pH 5, 1 heure à pH 9 et 25°c à la lumière solaire simulée Autres exemples d’hydrolyse : AURORA 40 WG, SPOTLIGHT Plus
PLEDGE (herbicide VIGNE)
(Fongicides ARBO-VIGNE - POMME DE TERRE)
· captane : 8 heures à un pH de 7, 10 minutes à un pH de 8, et à 2 minutes à un pH de 9. · folpel : hydrolyse rapide et sensible au pH : 2,6 heures à pH 5, et 1 minute à pH 9 · famoxadone : hydrolyse rapide : DT50 41 jours à pH 5, 1 h30 à pH 9 et 25°C · cymoxanil : stable à pH 4 et pH 5 et 20° C, DT50 25 minutes à pH 9 et 25°C La rapidité d’exécution de l’intervention, la connaissance de la qualité de l’eau ou sa correction semblent donc primordiales. Par contre, avec certains pesticides, surtout les fongicides à base de métaux comme phoséthyl-aluminium ou les composés à base de cuivre, il vaut mieux éviter un pH trop faible. Dans ces conditions, la solubilité du métal est plus grande, ce qui augmente les possibilités de toxicité pour les végétaux. Autre produit semblable, le fongicide Milstop (bicarbonate de potassium) possède naturellement un pH élevé. Si on mélange ce produit avec de l'eau au pH plus faible, il est neutralisé et il n'est plus efficace. Que faut-il en retenir ? L’opérateur pourra effectuer une recherche sur Internet chaque fois qu'il utilise un nouveau produit, puis corriger sa solution dans le réservoir de pulvérisation en tenant compte du niveau approprié de pH. Cependant, pour de nombreux produits, cette information est parfois difficile à trouver, ce qui complique les décisions sur les pesticides ou les mélanges. Contacter nous par e-mail : contact@a2d.fr Il faut connaître les exceptions comme celles mentionnées plus haut et dans tous les cas s'assurer de régler le niveau de pH de la bouillie de pulvérisation autour de 6, ce qui convient à la plupart des pesticides.